Ode à la Renault 25 Baccara
La Renault 25 Baccara ! Qu’il va m’être difficile de rester impartial en parlant de la Renault 25 Baccara tant cette voiture tient une place à part entière dans mon cœur et dans ma vie de passionné automobile… Elle fut l’élément déclencheur qui influença mes goûts pour la « bagnole » en général, et qui conditionna mon attirance indéfectible pour les voitures françaises plus particulièrement.
French touch
1988 : Renault présente un restylage de mi-carrière pour sa vénérable 25, afin de se préparer et de tenir le choc face à l’arrivée imminente des futures et prometteuses Peugeot 605 et Citroën XM, attendues en 1989.
Lors de ce restylage est apparue une nouvelle finition hyper luxueuse de sa limousine : la Baccara. D’abord exclusivement dédiée à la seule motorisation V6 injection et son moteur PRV, elle se décline en 1990 sur la version turbocompressée de l’indéfectible PRV (essayée ici), ce dernier, une nouvelle fois optimisé, développant désormais 205 fougueux chevaux, plus que l’Alpine GTA ! Elle est vite réservée à la seule finition Baccara, les très rares versions 205 chevaux non Baccara n’ayant, quant à elles, été produites que pendant 10 mois.
On parle souvent de cette version V6 turbo regorgeant de couple, presque aussi violente que la 21 éponyme, et vendue à moins de 3 000 exemplaires. Elle était bel et bien le nec plus ultra de ce que proposait Renault à la fin des années 1980, avec l’ambition à peine feinte de porter haut les couleurs tricolores face aux ténors germaniques de l’époque : Mercedes classe E W124 ou BMW série 5 E34. On parle en revanche beaucoup moins de la plus sage version V6 atmosphérique. Mais ça tombe bien parce que c’est bien celle qui m’inspire aujourd’hui…
Renault 25 : le confort aux commandes
La Renault 25 Baccara, comment dire…? C’est la classe ! Du luxe à profusion qui en mettait plein la vue dès qu’on ouvrait la porte : intérieur en cuir – pleine fleur s’il vous plaît – couleur « ambre » ou « gris cendre », ciel de toit en alcantara, boiseries en loupe d’orme véritable sur les contre-portes et sur le pommeau de levier de vitesses, moquettes épaisses protégées par des sur-tapis maintenus par des boutons pression tout aussi épais… Bref, elle impressionnait vraiment, et quand on s’installait à son bord, on devinait tout de suite qu’on ne montait pas à bord d’une 25 « normale ».
Elle disposait bien évidemment en série de toutes les options que l’on était en droit d’attendre dans un véhicule de ce standing. Jugez plutôt : les 4 vitres électriques avec la fonction impulsion pour celle du conducteur, les sièges à réglages électriques et à mémoire, le régulateur de vitesse avec commandes au volant, l’ordinateur de bord, sans oublier l’indispensable climatisation. Mais ce qui rajoutait encore plus d’exclusivité à cette finition Baccara, c’étaient aussi des équipements à la pointe pour l’époque, comme le pack « ergomatic » (en option dès mars 1990), un système de coussins gonflables couplé à la mémorisation et aux réglages électriques des positions des sièges, système qui avait été repris ensuite sur la Safrane.
Citons également la mini-chaîne stéréo Philips 4×20 watts avec commandes là aussi au volant (le fameux satellite !), ou quelques gadgets génialissimes comme l’ouverture et fermeture à assistance électrique du hayon qui, quand on l’ouvrait, laissait apercevoir dans le coffre une housse à vêtements en cuir suspendue à la plage arrière, qui permettait à son conducteur ou à ses passagers d’y loger par exemple un costume afin de ne pas le froisser. Encore plus moderne, la synthèse vocale d’ordinateur à la voix masculine robotisée très « eighties », qui vous annonçait fièrement quand on le lui demandait et quand tout allait bien, je cite : « fonctions véhicule sous surveillance », quel pied !
Une fois installé, on avait l’impression de piloter un véritable Airbus tellement il y avait de boutons dispersés entre le tableau de bord et la console centrale ! Planche de bord futuriste pour l’époque, dessinée faut-il le rappeler par le styliste italien Marcello Gandini, père de quelques merveilleuses Lamborghini !
Certains pourtant critiquaient déjà cette profusion de boutons, personnellement j’aimais bien et j’aime toujours d’ailleurs, chacun son truc… Quand je pense qu’aujourd’hui l’heure est à la simplification extrême et à la recherche du style le plus épuré possible, les fonctions quasiment toutes cachées derrière une tablette tactile, je ne dis pas que ce n’est pas bien, mais je trouve ça tristounet, et il n’est pas dit que cela s’avère plus pratique… m’enfin, faut bien vivre avec son temps mon bon monsieur…
À l’extérieur elle a su rester discrète, n’arborant que quelques signes distinctifs lui permettant néanmoins d’être facilement reconnue par un œil plus ou moins averti : calandre 4 phares, de fins liserés couleur « vieil or » disposés tout le long de la carrosserie, logos « Baccara » positionnés sur les montants de custodes et sur le hayon, sans oublier des jantes spécifiques qui reprenaient le dessin en turbine des V6 turbo phase 1, mais qui avaient gagné au passage un voile de vernis doré du plus bel effet, qui accentuait encore plus son aspect exclusif, sans tomber dans le kitch ou le mauvais goût. Ces jantes furent remplacées en mars 1990 par les jantes « Galaxie » au dessin identique à celles des versions 4 cylindres, mais polies pour obtenir un cachet et un visuel encore plus « classes ».
Vivre le style Renault 25
Contact. L’antédiluvien mais néanmoins indestructible PRV se réveille. Et quand je dis « antédiluvien », qui se doutait à l’époque qu’il continuerait encore sa carrière certes modifié, modernisé et monté dans la Safrane ? Enfin équipé de manetons décalés, il est désormais bien plus agréable et fait enfin preuve de rondeur de fonctionnement. D’une cylindrée de 2849 cm3, il développait initialement 160 chevaux, très vite ramenés à 153 chevaux une fois catalysé en juillet 1989. Je ne m’attarderai volontairement pas plus sur ses performances pures, elles n’ont plus aucune espèce d’importance plus de 30 ans après.
On se doutera bien que la version V6 injection, aux performances certes honorables, n’avait pas été « pensée » pour ça et s’appréciait tout autrement. N’empêche, qu’est-ce que j’adorais écouter chanter à tue-tête ce bon vieux PRV quand on le titillait un peu. Et puis la Baccara ne pesait « que » 1300 kg, ce qui la ferait presque passer pour une ballerine de nos jours. Cela favorisait bien évidemment son rapport poids-puissance, mais ne l’empêchait néanmoins pas outre mesure d’être gourmande en carburant. Dans ce cas précis ses « performances » à la pompe ont hélas toute importance de nos jours, c’est que le prix du litre d’essence n’est malheureusement plus le même voyez-vous…
J’ai eu l’occasion d’en conduire une tout récemment, et de me balader avec. Alors oui, on ressent bien une certaine lourdeur sur le train avant, causée par le poids du PRV, mais cet espace, cette luminosité, cette vision du confort d’un autre temps ! Rappelons qu’un tel confort n’existe plus dans la production automobile actuelle ne serait-ce que dans le moelleux des fauteuils qui gomment finalement les stigmates dus à sa conception et à son âge avancés, et font que cette voiture distille toujours autant de plaisir à son conducteur comme à ses occupants.
La fin de carrière survient fin 1992 avec le remplacement de la 25 par la Safrane qui elle aussi aura eu sa version Baccara, mais qui n’aura pas connu le même succès que sa devancière. L’avenir nous démontrera par ailleurs que la Renault 25 sera la dernière grande berline française ayant connu un franc succès, avec plus de 750 000 exemplaires écoulés. Certes, ces ventes étaient essentiellement dopées par le marché hexagonal, attaché aux productions nationales et à ses berlines à hayon, à contre-courant des goûts plus conservateurs des clients européens férus de berlines haut de gamme tricorps. Aujourd’hui encore, la Renault 25 a ses inconditionnels qui en profitent au quotidien et qui s’efforcent de la maintenir en forme.
Tenté par une belle Renault 25 Baccara ? Tenté de rouler à bord d’une prestigieuse française confortable, suréquipée et enfin fiabilisée après son restyling ? Il n’est pas impossible d’en trouver et d’en acquérir une de nos jours mais la principale difficulté sera, comme toujours avec les youngtimers de cette trempe, d’en trouver une belle, bien entretenue et strictement d’origine, avec tout son accastillage et ses équipements spécifiques. Par avance : bonne recherche !
Source : https://cutt.ly/thTazh4
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