Officiellement remplacée par Alpine Racing, l’entité Renault Sport continue de développer des autos de course dérivées de la série. Dont cette nouvelle et enthousiasmante Clio Rally 4, qui extrait 215 ch de son 1.3 turbo et limite son poids à 1 080 kg. Expérience.
Hasard ou explication ? Quand les petites sportives françaises désertent tristement les catalogues, les modèles taillés pour la course se multiplient. Sans même évoquer les monoplaces des catégories reines (Alpine en Formule 1 et en Championnat du monde d’endurance, DS en Formule E), chaque marque commercialise sa petite teigne destinée à la compétition-client : C3 Rally 2 chez Citroën, 208 Rally 4 chez Peugeot, Clio Rally 5 chez Renault.
Lancée fin 2019, cette sympathique Clio de 180 ch pour 1 080 kg s’est déjà écoulée à 250 exemplaires grâce à un prix d’appel bien placé et à une polyvalence inédite dans le monde de la course (la même auto peut courir en rallye, circuit ou rallycross sans grandes modifications). Un mélange des genres plus vraiment envisagé par la grande sœur Clio Rally 4, développée uniquement pour le rallye et dont la fiche technique apparaît bien plus radicale…
La Clio Rally 4, qu’est-ce que c’est ?
Si la caisse arceautée, le bloc moteur et le carter de boîte sont communs entre les Clio Rally 5 et Rally 4, cette dernière multiplie les éléments spécifiques. Le 1.3 TCe renforce pistons, bielles, coussinets et arbres à cames pour encaisser la puissance passée de 180 à 215 ch. Le couple évolue de 320 à 350 Nm, limité par la boîte séquentielle Sadev à cinq rapports. Le train avant est modifié (triangles, bras et tirants de chasse), et les jantes passent de 16 à 17 pouces pour accueillir les disques avant majorés à 330 mm de diamètre. Enfin, des amortisseurs Bos à trois voies remplacent les modèles non réglables pour mieux ajuster le châssis en fonction du profil de route ou des conditions météo.
Ces évolutions ont un coût : 76 000 € HT pour notre Clio Rally 4, contre 42 000 € HT pour la petite sœur Clio Rally 5. La version terre grimpe à 78 000 € HT (amortisseurs plus longs, rampes de différentiel différentes, carters de protection supplémentaires, jantes de 15 pouces), mais il existe évidemment des kits de conversion pour évoluer de l’asphalte vers la terre (12 000 € HT) ou inversement. Outre les options classiques (rampe de phares à 2 200 € HT, feux de virage à 1 150 € HT, pack de roues supplémentaires…), Renault Sport propose une application Track Connect élaborée par Michelin qui informe en temps réel, sur un smartphone, de la pression et de la température des pneus lors d’une spéciale chronométrée. Idéal pour anticiper une surchauffe ou détecter une crevaison lente avant une mauvaise surprise. Tarif : 400 € le boîtier avec quatre capteurs de pneus, puis 50 € le capteur supplémentaire. Indispensable !
Au volant
Malgré sa coiffe de planche de bord familière, cette Renault Sport n’a plus grand-chose à voir avec une Clio RS Line de série. Elle s’offre des baquets très enveloppants arrimés au ras du sol, un petit volant truffé de commandes et deux grandes tiges, à portée de main droite, l’une pour passer les vitesses, l’autre pour actionner le frein à main hydraulique. Après une procédure de départ digne d’un décollage de fusée, me voilà parti pour des aller-retours d’environ 3 km sur le parcours de la course de côte d’Irancy (Yonne).
Sans connaissance du tracé et malgré les conseils avisés de mon copilote de luxe (Jean-Sébastien Vigion, espoir Échappement 2004 et qui a participé au développement de la Rally 4), je n’en mène pas large lors des premiers mètres. Mais la Clio est du genre à tenir la main : direction douce, réactions saines et même freinage assisté qui n’oblige pas à taper dans la pédale comme un sourd pour jouir de ralentissements dignes de ce nom. « C’est un gros avantage dans les longues spéciales» assure Jean-Seb’ peu nostalgique, au moins sur ce point, de ses années en Super 1600 d’où il ressortait un peu « cassé» des longs chronos.
Cette facilité de prise en main n’écorne pas la pureté des sensations, car l’équilibre de cette Clio est un enchantement en virages. Très réactive, l’auto se place d’un léger coup de volant, resserre sa trajectoire au soulagement d’accélérateur puis ressort en force, dans une motricité impeccable, sans souffrir d’effets de couple parasites dans son précis gouvernail. Par rapport à la Peugeot 208 Rally 4 testée précédemment, c’est pourtant du côté du moteur que les différences majeures apparaissent.
Face au bloc Peugeot 1.2 l à trois cylindres, le 1.3 l Renault à quatre cylindres assure une meilleure allonge, en poussant fort et longtemps jusqu’à 6 500 tr/min quand son rival semblait davantage s’essouffler après 6 000 tr/min. Le couple est pourtant bien présent dès les bas régimes, assurant une large plage d’utilisations particulièrement adaptée au rallye. Contrairement aux moteurs atmosphériques plus pointus, le bloc turbocompressé de la Clio autorise en effet les petites erreurs ou hésitations, car il repart sans le moindre temps mort à la réaccélération. Redoutable pour les pros… et moins handicapant pour les débutants, comme votre prudent serviteur peut désormais vous le confirmer.
Bilan
Difficile de tutoyer les limites d’une auto de rallye sur petite route fermée, a fortiori quand elle autorise des vitesses de passage aussi élevées en virage et sur les bosses. Nul doute que son moteur performant et sa grande facilité de conduite deviendront de sérieux atouts lors des spéciales chronométrées, comme l’ont montré ses premières victoires en Championnat de France et d’Europe face aux rivales de même catégorie (Opel Corsa, Peugeot 208 ou Ford Fiesta Rally 4…). Suffisant pour lui prédire un joli succès malgré l’absence de coupe de marque officielle, réservée à la petite sœur Clio Rally 5. Le gros lot pour son vainqueur âgé de moins de 28 ans ? Un programme sportif au volant de la Clio Rally 4 pardi !
Fiche technique Renault Clio Rally 4
- Moteur : 4 cylindres turbo, 1 330 cm3
- Turbo : BorgWarner, bride 30 mm
- Puissance : 215 ch
- Couple : 350 Nm
- Boîte : séquentielle Sadev à 5 rapports
- Différentiel : à glissement limité type ZF
- Freins AV : disques ventilés (330 mm asphalte, 294 mm terre)
- Freins AR : disques 260 mm
- Amortisseurs : Bos réglables 3 voies (détente, compression haute et basse vitesse)
- Poids : 1 080 kg minimum
Extrait de : largus.fr